Sur le projet de prison à Vaux-le-Pénil

Le recul officiel du Préfet de Seine et Marne sur le projet de construction d'une prison de 1000 places dans notre ville est une bonne nouvelle. Annoncée brutalement, sans aucune concertation démocratique préalable, ce projet est, une fois encore, révélateur du mépris du pouvoir actuel pour les élus locaux et les citoyens en général. A l'heure où le gouvernement tente hypocritement de nous faire croire dans sa volonté de concertation citoyenne la manière dont l’État a cherché ici à passer en force en dit long sur l'autoritarisme intrinsèque du Macronisme.

La construction d'un gigantesque centre de détention tant sur les terres agricoles du Germenoy, où une courageuse productrice fait vivre un élevage de qualité en agriculture raisonnée, que sur les zones humides de la Buissonnière était également un non sens écologique absolu.
Passé le soulagement de ce recul de l’État plusieurs questions restent posées.

La France connait une surpopulation carcérale

On ne peut nier que la France connaisse depuis plusieurs décennies une situation de surpopulation carcérale indigne. Selon l'Observatoire international des prisons le taux d’occupation des centres de détention en France est, au 1er janvier 2020, de 116 % avec 70 651 détenus pour 61 080 places. Les cellules où vivent 2, 3 voire 4 prisonniers sont légions dans tout le pays. Cet état de fait ne peut favoriser une réinsertion solide des détenus et peut même, en certaines occasions, constituer un terreau de possibles radicalisations qui sont autant de bombes à retardement. Condamnée par la cour européenne des droits de l'Homme en janvier 2020 la France ne peut s'exonérer de ses responsabilités en matière de droits et de dignité de la personne humaine. Des réalisations sur des lieux appropriés de petites unités permettant le dialogue, le respect et favorisant de bonnes conditions pour une réinsertion future sont nécessaires. De même, il faut avoir le courage de favoriser, lorsque cela est possible, des alternatives à la détention stricte qui n'est pas toujours la réponse la plus appropriée. N'oublions pas non plus que la meilleure garantie pour l'humanité est l'investissement dans la culture, l'école et dans une lutte acharnée contre les inégalités sociales qui ne cessent de se creuser au profit des plus fortunés.
"Ouvrir un école c'est fermer une prison" disait Victor Hugo au XIXème siècle. Cette idée humaniste garde toute sa pertinence en 2021 et doit résonner encore de tout son éclat pour que la raison guide encore et toujours nos pas.

Quel a été le rôle des élus de Melun ?

Un projet tel que celui annoncé vendredi publiquement ne peut être ainsi sorti des cartons comme par magie. Un plan financier, des engagements de l’État sont indispensables pour sa réalisation qui a donc dû être pensée depuis des semaines voire des mois. S'agissait-il d'un ballon d'essai ? C'est possible et la question est légitime. Depuis plusieurs années déjà des élus locaux de Melun comme le maire Louis Vogel ou la députée MODEM macroniste Aude Luquet (en novembre 2017) se sont prononcés pour une fermeture de la prison de Melun qui existe sur l'ile Saint-Etienne depuis le début du XIXème siècle.
Madame Luquet déclarait alors : "Le centre de détention est implanté sur le plus beau site de la commune ! En termes d'attractivité pour Melun et le rayonnement de tout le territoire, il ne serait pas idiot de lui trouver une autre vocation !". Nous comprenons bien l'intérêt patrimonial ( et peut-être immobilier qui sait...) que représenterait la libération potentielle d'un tel site, bien que les personnels se prononcent contre toute décision allant en ce sens via leurs représentants syndicaux, mais la ville de Melun ne peut ainsi mettre les communes voisines devant le fait accompli.

Dès lors, il est légitime d'un point de vue démocratique de poser une question toute simple: M. Vogel, Président de la communauté d'agglomération de Melun et Madame Aude Luquet étaient-ils au courant du projet de construction avant sa divulgation officielle aux élus de Vaux-le-Pénil ?
Si c'est le cas c'est une grave entorse aux principes de base de la transparence démocratique et un manque d'égard et de respect pour les élus et, plus grave, pour tous les habitants de Vaux-le-Pénil.
Nous attentons des éclaircissements légitimes tout en étant prêts à mener le débat sur le fond même d'un tel projet.

Julien GUERIN.
Conseiller municipal de Vaux-le-Pénil.

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