CAMVS - Méthaniseur à Dammarie : une transition énergétique qui n'est ni écologique ni sociale




Les élus du groupe d’opposition « PUCES » à la Communauté d’Agglomération Melun Val-de-Seine s’engagent pour une alternative aux politiques qui encouragent une agriculture intensive empoisonnant la vie et la terre. Ils s’opposent au projet d’un méthaniseur industriel à Dammarie- Les-Lys et apportent leur soutien à la manifestation des opposants au projet de méthaniseur de Chevry-Cossigny le vendredi 12 mars devant la Préfecture.

• UN PROJET PUBLIC AU SERVICE DES MULTINATIONALES


« BI-MÉTHA77 » est un projet industriel d’un gigantisme inédit. Financé essentiellement par de l’argent public ; près de 3,4 millions d’euros de participation des collectivités (CAMVS, SDESM, CCBRC) et 4 millions d’€ de subvention régionale, BI-MÉTHA77 ambitionne de développer une filière de production de méthane pour les bus de l’agglomération.

Un projet auquel participent des acteurs privés de premier plan tels que la HOLDING JULLEMIER et les multinationales prédatrices bien connues de l’eau, du gaz, des déchets et du transport public : ENGIE, qui participe au capital à hauteur de 2,7%, et VÉOLIA, qui assure de son côté la conception et le pilotage technique des travaux. BI-MÉTHA77 s’inscrit dans une stratégie d’extension des compétences des collectivités vers la production d’une énergie de source soit disant renouvelable avec le grand renfort des multinationales qui vivent des marchés publics.

Nous regrettons l’abandon par nos collectivités publiques des compétences techniques à VÉOLIA alors qu’elles investissent l’essentiel du coût de la construction de l’usine. Nous dénonçons les politiques de réduction de la dépense publique qui poussent nos collectivités à déléguer in fine à des acteurs privés la gestion de nos biens communs essentiels dont elles perdent progressivement la maîtrise. Pour nous, l’énergie est un bien commun essentiel dont la production et la gestion doivent rester la compétence du public au service du public et non pas au service des intérêts et des profits de multinationales privées.

• UN PROJET QUI SACRIFIE LA TERRE POUR PRODUIRE DE L’ENERGIE


L’exploitation industrielle des méthaniseurs encourage un modèle agricole antiécologique qui divise les agriculteurs. Malgré l’opacité du projet et l’absence de données chiffrées précises (quelles quantités et qualités d’intrants ? Quelle quantité de méthane produite ? Pour quelle rentabilité ?), les sommes et la qualité des acteurs engagés ne laissent aucun doute sur le caractère industrialiste du projet BI-MÉTHA77. Or, le modèle industriel des méthaniseurs est gourmand en matière organique d’origine végétale et produit un digestat de mauvaise qualité, mauvais pour les sols et dangereux pour nos ressources en eau.

Pour ce qui concerne la filière dite industrielle dédiée principalement aux boues de stations d’épuration, leur méthanisation produit un digestat de mauvaise qualité (métaux lourds, médicaments) très riches en azote, supérieur à leur épandage sans méthanisation. Une fois épandu, l’azote est lessivé sous forme de nitrate par les pluies et dégrade la qualité des eaux de surface et souterraines.

Pour ce qui concerne ensuite la filière dédiée aux intrants agricoles et aux biodéchets, il faut rappeler que lorsque ces intrants sont pollués (présence de produits phytosanitaires, pesticides, engrais chimiques) les produits de méthanisation sont pollués aussi et considérés à leur tour comme des engrais chimiques. Ils sont épandus selon les mêmes normes, voire considérés comme des déchets dangereux et enfouis ou incinérés.

Dans les deux cas, la matière première est complétée par des denrées végétales agricoles. Les boues d’épuration et le lisier ont un faible pouvoir méthanogène et ne peuvent pas représenter plus de 20 à 30% des intrants. Le reste est constitué d’ensilage de maïs ou d’herbe. Quant aux résidus de la transformation des céréales, tubercules, betteraves, etc. et biodéchets, ils ne suffisent jamais à satisfaire les capacités de production de ces usines de méthanisation calibrées pour répondre à des objectifs financiers. Les CIVE (blé, maïs, orge, pois, tournesol, etc.), c’est-à-dire des cultures dédiées à la production d’énergie, complètent une matière première insuffisante.

Il en résulte que la méthanisation industrielle engendre un conflit d’usage de la terre : « nourrir les humains et les animaux ou produire de l’énergie ? ». Les agriculteurs sont divisés sur cette question : la Confédération Paysanne s’oppose clairement à ces grands projets de méthaniseurs qui risquent selon ses propres termes de détourner la production agricole vers un modèle avide de pesticides et de rendement. Le caractère intensif des cultures du Val-de-Seine ne laisse aucun doute sur la mauvaise qualité des produits de méthanisation et pose la question de leur toxicité pour notre environnement.

• FAISONS ENTENDRE LA VOIX DE L’ALTERNATIVE ECOLOGIQUE ET SOCIALE


Pour ces raisons, les conseiller·es communautaires du groupe PUCES de l’agglomération Melun Val-de-Seine s’opposent au projet de méthaniseur à Dammarie-Les-Lys porté par BI-METHA77.
Ils proposent que l’argent public de nos collectivités serve d’abord l’intérêt général. Il y a urgence à sortir d’un modèle de production d’énergie capitaliste qui pollue notre environnement et devient de plus en plus cher pour l’usager·e. La première des solutions réside dans la sobriété énergétique : minimiser les consommations par l’amélioration thermique des bâtiments, le recours à des modes de transports moins consommateurs voire non polluants. L’argent ici investi par les collectivités publiques serait bien mieux dépensé dans un grand plan de rénovation et d’isolation du bâti qui fournirait du travail aux TPE et PME locales et réduirait le coût des factures énergétiques pour les habitant·es de notre communauté d’agglomération.

Les élus du groupe PUCES s’associeront à tous les collectifs locaux en lutte pour l’émergence d’une politique publique énergétique qui soit écologique et sociale.
Elles et ils seront présents le vendredi 12 mars devant la Préfecture de Melun à l’occasion de la manifestation des opposant·es au méthaniseur de Chevry-Cossigny.
À l’issue de la manifestation, elles et ils espèrent que le préfet accèdera à la demande de Madame Monville, formulée par lettre le 26 février 2021, et recevra une délégation de manifestant·es pour que le dialogue s’engage entre l’État et ses citoyen·nes sur des sujets aussi fondamentaux qui nous concernent toutes et tous, et conditionnent l’avenir des générations futures.

BÉNÉDICTE MONVILLE, Présidente du groupe PUCES, conseillère régionale d’Ile-de-France
VINCENT BENOIST, conseiller communautaire, Dammarie-Les-Lys
PATRICIA ROUCHON, conseillère communautaire et maire-adjointe de Vaux-le-Pénil
JULIEN GUÉRIN, conseiller communautaire de Vaux-le-Pénil
DJAMILA SMAALI-PAILLÉ, conseillère communautaire de Melun
ARNAUD SAINT-MARTIN, conseiller communautaire de Melun

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