Commémoration du 19 mars - La passion doit céder sa place à l'histoire




Retrouvez le discours de Julien Guérin, conseiller municipal délégué à la culture et aux commémorations de Vaux-le-Pénil, prononcé au cours de la cérémonie de commémoration du 19 Mars devant le Maire, la Conseillère Départementale, les représentants des associations patriotiques et d'anciens combattants, et les porte-drapeaux.

C'est encore avec le spectre du COVID 19 planant au-dessus de nous que nous nous réunissons ce matin dans des conditions sanitaires strictes et avec un nombre de participants limités. Nous espérons toutes et tous que les prochaines cérémonies commémoratives nous permettront de retrouver la présence citoyenne, notamment la jeunesse, vers qui nous tournons ces moments de souvenirs dans un souci de partage et de transmission.

Voici 59 ans, jour pour jour, s'achevait par un cessez-le-feu officiel ce qu'il convenait alors de nommer les "événements d'Algérie". Huit ans après le début des hostilités, le 1er novembre 1954, les armes se taisaient et l'Algérie, colonisée par la France depuis 1830, allait accéder à l'indépendance quelques semaines plus tard. Conflit de décolonisation aux mémoires plurielles et parfois rivales, cette guerre a marqué durablement les imaginaires sur les deux rives de la Méditerranée, mer commune et trait d'union entre deux peuples dont les liens multiples sont un appel quotidien au dialogue et à l'échange. C'est l'esprit de cette cérémonie et de cette journée de commémoration du 19 mars. 

Nous sommes dans ce square du 19 mars 1962 pour nous souvenir ensemble de toutes les victimes, sans exception :

des 25 000 Français appelés du contingent et fauchés en pleine jeunesse,
des 300 000 civils Algériens tués entre 1954 et 1962,
des 15 à 20 000 Harkis morts en Algérie ainsi que des 4500 pieds-noirs qui ont laissé leur vie avant le rapatriement de plus 800 000 d'entre eux vers ce qui était nommé la métropole.
 
Ces chiffres encore sujets à caution sont ceux fournis par l'historien Benjamin Stora, auteur de multiples travaux qui font autorité, grand spécialiste de la période et qui, dans un récent rapport officiel remis au gouvernement, appelle à un grand élan historique et à des gestes forts de réconciliation pour regarder en face cette période de notre histoire avec la lucidité nécessaire.

A l'approche du soixantième anniversaire de la fin du conflit en 2022, la passion doit désormais céder toute sa place au travail historique tant en France qu'en Algérie.

A Vaux-le-Pénil, nous y prendrons toute notre part pour que vive et grandisse le principe de fraternité qui coule dans nos veines.

Je vous remercie.

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